«Le P’tit Meyer». C’est ainsi que t’appelaient tes nombreux copains de la Jeunesse et les autres. Je fais partie des privilégiés qui ont eu la chance de te connaître, petit gars sympa au sourire gouailleur. Notre premier contact, c’est à l’occasion d’une interview pour Le Cotterg. Tu m’étonnes par ta passion intense de l’agriculture, ton respect des animaux, ton amour de la nature. Et plus encore tu suscites mon admiration, cher Alexandre, par ta détermination, ta vision de la vie, ta façon attachante d’en parler, toi si jeune avec pourtant des idées parfois carrées, dignes d’un vieux philosophe blanchi sous le harnais.

Drôle de p’tit bonhomme, en vérité. Espiègle à l’esprit vif, P’tit Meyer, tu mesures quoi? Environ 1 m 60. Et tu possèdes déjà l’énergie d’un géant et un coeur «gros comme ça».

Ta passion immense pour ce noble métier d’agriculteur à la fois magnifique et exigeant, te pousse logiquement à entreprendre un apprentissage, par le biais de stages pratiques dans des fermes et d’études dans une école spécialisée. On voit alors un gars heureux, occupé aux travaux des champs, perché sur un énorme tracteur; ou à l’écurie, flattant au passage les vaches à coups de tapes amicales.

Printemps 2019, l’année de tes 19 ans, tu loupes tes examens. Rien d’inéluctable, ça arrive assez souvent et dans le meilleur des mondes. Mais, c’en est trop pour toi, garçon épris d’absolu. Tes projets, tes ambitions s’écroulent. Définitivement, crois-tu. C’est peut-être l’une de tes rares erreurs d’appréciation, toi si sûr de ton choix, jusqu’ici droit dans tes bottes et déjà impressionnant de lucidité, malgré – permets-moi de te le rappeler – ton jeune âge.

Sous le coup de l’émotion, tu oublies hélas que cet échec momentané n’a rien de définitif. Que tu peux te refaire.

Tu aimes trop ce métier d’agriculteur, pour envisager ta vie sans le pratiquer…

Aujourd’hui, P’tit Meyer, tu foules – bienheureux – les verts pâturages d’un monde qui n’est pas d’ici.

N’empêche que tu manques à beaucoup de monde. Et plus encore à tes parents et à ta soeur, vers lesquels vont nos pensées émues.

Gilbert Pidoux

Ndlr. L’entretien d’Alexandre Meyer auquel Gilbert fait référence, est paru dans Le Cotterg de mars 2017, page 4. L’archive est disponible en cliquant ici.