Le Sépey: la boucherie Tille, l’un des plus anciens commerces de la Vallée, a fermé ses portes le 3 janvier 2015

La Boucherie Tille du Sépey a définitivement fermé ses portes le 3 janvier 2015. Suite à de nouvelles réglementations très strictes imposées aux petits abattoirs, il devient aujourd’hui très compliqué de travailler librement.

J’estime être encore un vrai boucher, qui abat son bétail, qui met en valeur sa viande après désossage et fabrication, jusqu’à la vente au magasin. En ce qui concerne le travail au sein de mon abattoir, qui est aux normes en vigueur, cela fait plus de 30 ans que je collabore avec un contrôleur des viandes du Sépey, parfaitement agréé, et qui venait inspecter les quartiers et abats d’animaux après chaque abattage, et tout a toujours très bien fonctionné.

Depuis le 1er janvier 2015 ces contrôleurs des viandes locaux ne sont plus autorisés. Dès cette date un contrôle sur pieds de l’animal, avant l’abattage, doit dorénavant être effectué par un vétérinaire, ainsi que le contrôle post mortem habituel. Comme aucun vétérinaire n’est établi dans notre vallée, il n’est pas du tout évident d’appliquer ces nouvelles contraintes, si je dois faire venir, deux fois par animal, un professionnel exerçant en plaine, avec tous les frais supplémentaires que cela incombe ! Il y a exactement 40 ans que j’abats du bétail, et si aujourd’hui on nous impose des tuteurs pour accomplir notre métier, je préfère arrêter tout de suite. Je ne cautionne pas du tout cette forme de dictature et cette nouvelle réglementation du contrôle sur pieds avant l’abattage que je trouve inutile et ridicule !!!

Une grande majorité du bétail que j’abats, provient de nos vallées proches, et très souvent je vais voir les animaux à l’écurie chez les agriculteurs, je n’achète donc pas des bêtes qui ne tiennent pas debout ! Lorsqu’un animal quitte l’écurie d’un agriculteur, ce dernier doit remplir un bulletin d’accompagnement garantissant que la bête est en bonne santé et n’a pas eu de médicament, document qu’il doit attester de sa signature. Si la même bête est conduite sur un marché d’élimination Proviande, comme au Sépey par exemple, il y a là 3 experts, un représentant des paysans, un des bouchers, et un de Proviande. S’ils constatent qu’une bête n’est pas en bonne santé, ils doivent la refuser. Cela fait un deuxième contrôle, et on veut en faire un troisième à l’entrée des abattoirs, complétement stupide !!!

Certaines de ces nouvelles réglementations, comme dans d’autres corporations d’ailleurs, sont pour moi une grave entrave à l’indépendance et à la liberté du travail.

Durant ces 26 dernières années, j’ai ravitaillé la Place Militaire de l’Hongrin, ce sont quelques dizaines de milliers de soldats et de recrues qui ont consommé mes produits, personne n’est mort et je n’ai jamais eu aucun problème.

Ne voulant pas être un revendeur de viande comme le sont la majorité des bouchers aujourd’hui, c’est avec beaucoup de regrets et d’amertume que j’ai pris cette difficile décision.

Je remercie très sincèrement mes fournisseurs et engraisseurs de bétail, qui se sont donnés beaucoup de peine pour me livrer des animaux qui correspondaient à mes exigences.

Je remercie chaleureusement toute mon aimable et gentille clientèle pour la confiance qu’elle m’a accordée durant ces nombreuses années. Un Grand Grand Merci.

William Tille

3 Commentaires

  1. Petit à petit l’État centralise ses services et retire des compétences de proximité comme dans ce cas les inspecteurs communaux ou intercommunaux des viandes. Cest regrettable lorsque le service fonctionne sans problème depuis toujours mais rien en fait, les décisions se prennent, les lois évoluent vers le pouvoir central et c’est toujours préjudiciable aux commerces locaux et aux citoyenx. J’ai effectué il y a longtemps cette tâche d’inspecteur des viandes après une formation aux abattoirs de Lausanne, dirigé à l’époque par le vétérinaire Debrot, et le passage un examen certifiait les compétences. Rien n’etait laissé au hasard! C’est encore une page grise qui se tourne mais sans aller dans le sens de la bonne lecture au service d’une économie locale et régionale.
    Merci William, on comprend ton amertume et bonne route pour l’avenir.

  2. Triste, triste, triste, lorsque que l’on veut nous parler de proximité et que l’on retrouve en tant que consommateur une grande partie de la viande que nous mangeons qui arrive du Brésil, d’Uruguay de Hongrie et de tant d’autre pays qui sont bien loin de répondre aux exigences de chez nous… Mais personne ne dit rien. Alors petits producteurs de proximité, levez-vous! battez-vous! Ainsi que vous consommateurs! Et merde pour ceux qui veulent nous faire avaler n’importe quoi…
    Et à toi, William, bravo pour toute ces années où tu as fait vivre ton village par ton amour du bon goût et de la bonne qualité.

    Josiane Rouiller Monay. Une Ormonanche partie mais pas bien loin.

  3. J’ai une grande admiration pour cet homme qui a su perpétuer une tradition dans la boucherie qui se fait malheureusement trop rare.
    Avec William on savait ce que l’on mangeait ! Mes convives se souviendront des repas de Noël avec les produits exceptionnels de sa boucherie. Pour ça et sa bonne humeur, merci.
    C’est en effet une grande perte pour le métier que d’imposer des lois qui pénalisent l’artisanat, les traditions et les produits de note région.
    J’espère que sa missive sera transmise à Berne, à qui de droit….

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