Hommage Daniel Bourquin décédé à 77 ans, le 21 février 2023

Il était une fois… toutes les histoires commencent toujours par « il était une fois » … Daniel Bourquin, dit Nunus, un homme à deux visages, deux identités : le musicien, le médecin.

Fabuleux saxophoniste, sa vie musicale se déroulait principalement en plaine, à Lausanne, rue de l’Ale. Une vie d’artiste, un artiste de talent.

La médecine c’était l’hiver, aux Mosses, où il a débarqué en 1972, pour remplacer le Docteur Daubercies. Ensuite, et pendant plus de 35 ans, il a assumé pleinement ses fonctions, médecin généraliste tant espéré dans nos montagnes.

Attendu avec impatience… plus besoin d’aller voir ailleurs pour se faire soigner… il arrivait avant Noël et repartait à Pâques. Si besoin, il se rendait au domicile de ceux qui ne pouvaient pas se déplacer. Parfois d’accès difficile, c’est raquettes aux pieds (elles étaient vertes) sac sur le dos, qu’il allait soigner un patient. Et la salle d’attente du cabinet médical se remplissait en attendant son retour. Il en a prodigué des soins, sauvé des vies, recollé des jambes ou poignets, recousu des plaies. Quand ce n’était plus de son ressort, il appelait l’ambulance, et on savait que c’était grave ! Héliporté sur les avalanches, s’il a pu ranimer certains, parfois c’était trop tard.

Nunus aimait la vie, la vie simple au contact d’autrui. Aux Mosses, pas de grande scène de concert, pas de public exigeant, juste des habitants dont il aimait partager le quotidien. Dans les lieux de rencontres, dans les cafés du coin, il avait sa place, sa table, ce n’était plus le docteur, mais juste Nunus, un bon copain. Chez les amis, pas besoin de frapper, il entrait tout simplement. Chez lui la clé avait disparu, la porte toujours ouverte et le temps s’écoulait autour du vieil harmonium qu’il avait récupéré de l’église, et d’un verre de rouge… ou blanc !

Il y a plus de 10 ans un accident stupide a ralenti sa vie, mais ses superbes interprétations musicales et soins prodigués ne s’effaceront jamais. Il est parti sans dire au-revoir, laissant à chacun et chacune les souvenirs d’instants passés en sa compagnie, comme une histoire sans fin.

« Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin » (Ch. Peguy)

Marinette Tille

© photos Marinette Tille

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